Acheter une maison n’est pas évident. Cet investissement coûteux n’est pas forcément à la portée de tous. Pour y parvenir, la plupart des ménages se tournent vers un prêt hypothécaire. Ce dernier engendre naturellement des intérêts à rembourser. Une hausse ou baisse de ces taux a un impact plus ou moins significatif à de nombreux échelons. Faisons le point.
L’impact d’une variation des taux au niveau des emprunteurs
Prenons le cas d’une hausse. Pour un emprunteur à taux fixes, cela signifie une augmentation des paiements mensuels au moment du renouvellement hypothécaire. Il devient logiquement plus difficile de rembourser le prêt. Cette hausse décourage également les nouveaux emprunteurs. Il s’en suit une diminution de leur motivation. En d’autres termes, la demande de prêts hypothécaires va baisser. Une chose est sûre : les budgets des ménages se resserrent, particulièrement pour les emprunteurs à taux variables puisque la hausse se reflète tout de suite sur ses paiements..
À cela s’ajoute une portion des ménages endettés qui sont en retard dans leur remboursement. À la fin de 2022, un peu plus de 2 % d’entre eux accusent un retard de plus de 60 jours.
Prenons, maintenant, le cas d’une baisse. Ceux qui ont un prêt en cours à taux variables seront plus que ravis. En effet, ils paieront moins chaque mois. Ils peuvent même envisager de rembourser leurs dettes plus rapidement. Les nouveaux emprunteurs, quant à eux, sont plus motivés à contracter des prêts. Les taux étant plus attractifs, ils peuvent envisager d’acheter une maison.
Impact au niveau des prêteurs
La variation des taux impacte également les prêteurs. Prenons l’exemple d’une hausse. Leurs marges deviennent plus élevées sur les prêts existants. Par contre, les nouveaux emprunteurs sont plus réticents. Cela entraîne systématiquement une baisse de nouveaux prêts qui se traduit par une diminution de leurs revenus potentiels.
Si nous envisageons une baisse, les conséquences seraient contraires. Les marges sur les prêts en cours baisseraient. En revanche cela serait compensé par une hausse des nouveaux prêts potentiels. En effet, plus de ménages seront intéressés par le fait de contracter des prêts.
L’impact sur l’économie dans son ensemble
Maintenant, voyons comment cette variation des taux peut influer sur l’économie en général. Dans le cas d’une hausse, dans un marché normal, le marché immobilier peut ralentir. La réticence des ménages à emprunter pour acheter des maisons va avoir un impact négatif sur de nombreux secteurs liés à l’immobilier :
- La construction
- La vente de matériaux de construction
- Les services immobiliers…
Exceptionnellement, l’augmentation des taux des deux dernières années n’a pas affecté le marché immobilier comme par les années passées puisque le Canada connait une immigration importante.
Inversement, une baisse peut stimuler le marché immobilier. Beaucoup plus de ménages vont se lancer dans les prêts hypothécaires pour acheter leur propre maison. Cependant, cela pourrait entraîner des bulles immobilières. Des risques financiers sont à prévoir sur le long terme.
Les variations prévues des taux hypothécaires au Canada en 2024
La Banque du Canada a décidé de maintenir son taux directeur à 5,00 %. La raison est simple. L’économie locale se remet encore à peine des précédentes hausses des taux. En effet, il faut environ 1 an pour que les augmentations se fassent entièrement ressentir. Le Canada en est à 10 hausses successives en 21 mois.
Les ménages canadiens comptent plus de 4 millions d’hypothèques. 2,2 millions devront être renouvelées dans les 2 prochaines années. Maintenir les taux pour assurer leur renouvellement est donc crucial.
Selon les prévisions actuelles, les taux hypothécaires devraient rester stables. En tout cas, c’est ce qui est prévu jusqu’à la moitié de 2024. Une baisse est même envisagée, elle demeure toutefois peu probable à court et moyen terme.
Dans tous les cas, un constat s’impose. Si l’on en croit la Banque du Canada, un peu moins d’un emprunteur sur deux a vu le montant de leurs remboursements hypothécaires augmenter. Toujours selon cette institution, pratiquement tous les ménages ayant un prêt hypothécaire feront face à cette hausse avant la fin de 2026.